Après 4 titres Mondiaux Supermotard (2007, 2008, 2009 & 2011) et une fin de carrière pilote marquée par une participation aux 24 Heures du Mans Moto 2014 (dont un podium en catégorie Open!) c’est la rechute… Oui, en 2023, Adrien Chareyre renouait avec la victoire en Supermotard ! C’était mi-septembre lors de l’épreuve SM Legends couru en Espagne (Alcarras) en parallèle de la 5ème manche FIM Supermoto World Championship S1GP. Deux courses dans le week-end, deux victoires pour Adrien avec la moto de son frère et devant ses enfants ! Adrien, en plus d’être responsable du Service Racing Furygan et licencié au PMMC, il est également l’un des instructeurs qui encadrent les roulages organisés par le PMMC sur le Pôle Mécanique d’Ales. Enfin… Quand le calendrier MotoGP le lui permet. Et si là-dessus venait se greffer un retour en Supermotard dès 2024 ? Entretien avec un chic type lucide et passionné que l’on vous souhaite de rencontrer à l’occasion d’un roulage PMMC sur notre tracé Cévenole.
PMMC : Alors Adrien, ça fait quoi de reprendre la compétition ? Le trac, l’excitation, tout ça… ?
Adrien : Au début je me suis engagé sans pression et puis quand j’ai vu que je roulais pas trop mal, elle est montée un minimum. Même si cette course ne comptait pas pour grand-chose, j’avais à cœur de bien faire quand même, d’autant que c’était la première fois que je roulais devant mes deux enfants. Pour ma dernière course en tant que pro, mon ainé n’avait que quelques mois, évidemment il ne s’en rappelle pas. Donc c’était là une belle occasion de leur montrer que leur papa il s’avait faire de la moto.
PMMC : Explique-nous un peu comment ceci s’est présenté à toi et comment tu t’y es préparé stp.
Adrien : En fait cela faisait des mois que l’on m’avait demandé si j’étais intéressé par cette course-là qui était censée réunir quelques anciens pilotes supermotard qui avaient eu plus ou moins de succès en championnat du monde. Sur le principe j’étais ok et puis j’avais dit « non, je n’ai pas de moto ». Deux jours après j’en avais trouvé une puisque mon frère Thomas m’a dit « c’est ok, j’ai vu avec TM Racing on te prête ma moto ». Ce à quoi j’avais répondu « c’est gentil les gars mais je n’ai pas de pneus ». Deux jours après on m’a rappelé en me disant que c’était ok, que je pouvais disposer de deux trains de pneus et puis trois jours plus tard on m’avait trouvé une licence à la journée ! Au final, je n’avais plus le choix. Ma dernière parade était de dire que ça faisait 7 ans que je n’avais pas roulé en Supermotard, ce qui était vrai, alors je voulais au moins essayer la moto une fois avant pour décider si je m’engageais ou pas. Et donc, au mois d’août, entre le Grand Prix MotoGP d’Angleterre et celui d’Autriche, j’ai fait un aller-retour à Alcarras où mon frère s’entrainait et j’ai roulé une heure avec la moto.
PMMC : Et alors, les sensations lors du week-end SM Legends ?
Adrien : Plutôt bien puisqu’outre les performances dans ma catégorie, que j’ai gagné, les sensations sur la moto étaient plutôt bonnes. J’ai même pu comparer le partiel uniquement bitume par rapport au championnat du monde qui roulait parallèlement, je n’étais même pas ridicule, j’étais au niveau des 10 premiers. Après 7 ans sans faire de moto ce n’était pas trop mal. Mais ça me coûtait trop dans la partie terre, là, j’y perdais 3 secondes, je n’en pouvais plus physiquement.
PMMC : Comment se sont passées les retrouvailles d’avec tous ces pilotes ?
Adrien : Ça c’était la vraiment bonne ambiance du week-end, j’ai reçu un très bon accueil, beaucoup de gens sont venus me voir, étaient content que je sois là. Entre les photos, les embrassades et les échanges de vieux souvenirs avec les autres pilotes, rien que pour cela ça valait le coup d’y aller.
PMMC : Franchement, ça fait quoi lorsque l’on retrouve le goût de la victoire ?
Adrien : Et bé… c’était top ! Pour être honnête, là-bas, je me disais que puisque je ne suis pas entrainé physiquement, j’allais miser tout mon week-end sur le chrono. Je me suis dit, un tour chrono, je vais bien tenir et ainsi je verrais mon niveau de performance. J’ai fait la pole donc j’étais content. Première manche ça s’est plutôt bien passé, je gagne et donc je me retrouve avec la pression de la deuxième manche pour ne pas foirer le bon début de week-end. Il y avait donc une certaine tension sur le départ de la seconde course. Surtout qu’il y avait un pilote particulièrement dangereux pour moi, Fabrizio Bartolini qui lui est encore en activité. Il est un petit peu plus vieux que moi mais lui, il n’a jamais arrêté de rouler. D’ailleurs il roule parmi la tête du championnat d’Italie, on peut dire qu’il a encore du niveau.
PMMC : Sauf que toi, tu l’as tordu !
Adrien : Et oui (rires) ! Il a encore été sélectionné dans l’équipe d’Italie pour le championnat des Nations cette année. Je me suis dit, puisqu’à l’époque il n’avait pas réussi à me battre à la régulière, il ne va pas manquer cette occasion. Alors je me suis vraiment appliqué. Il a essayé de m’attaquer parce qu’il était plus constant physiquement et je l’avoue, je l’ai fini la course au mental !
PMMC : Et tout ça vécu en famille.
Adrien : Exactement et ça c’était la cerise sur le gâteau. Invité dans structure de mon frère en plus, avec un mécanicien et une moto performante, etc. Et puis ça m’a fait revoir le plus haut niveau du Supermotard.
PMMC : Mais alors ? Tu as des envies de reprendre le guidon plus régulièrement depuis cette aventure ?
Adrien : Arfff… Disons que c’était plus une parenthèse exceptionnelle qui s’est bien déroulée parce que j’avais tout ce qu’il fallait pour bien faire mais reprendre le guidon en Supermotard ça me demanderait de l’entrainement parce qu’autant je me suis régalé, autant j’ai pu mesurer ce qu’il me séparait du niveau qui était le mien et de celui actuel dans la catégorie. Autant de plaisir que de frustration en fait. Je n’arrivais pas à m’enlever ça de la tête durant le week-end, à trop réfléchir sur ce qu’il me resterait à faire pour m’améliorer plutôt que de me contenter de ce que j’étais en train de faire et plutôt pas trop mal.
PMMC : Bon et la prochaine course alors ? Déjà programmée ?
Adrien : Eux, ils organisent une course de ce genre par an donc on verra si ça se représente pour moi. Je ne me suis pas fixé comme objectif d’avoir des participations régulières mais sait-on jamais.
PMMC : Nous en tout cas, on espère vivement te revoir glisser et sauter à nouveau ! Sinon, avant que l’on se quitte, comment c’était à Phillip Island après la victoire de Johann Zarco ?
Adrien : Et bien… Ça s’est mal passé… Puisque c’était samedi et pas dimanche, ça nous a empêché de nous lâcher parce qu’au soir du samedi, le programme du dimanche était censé être maintenu c’est-à-dire avec le warm up et la course sprint. Donc on était tous contents mais aussi on s’est contenté de boire un verre et d’aller au lit assez tôt pour être prêts et disponibles le dimanche matin. Et quand finalement ça s’est terminé en eau de boudin avec l’annulation en raison de cette météo catastrophique, tout le monde a rechargé les caisses et rejoint Melbourne pour reprendre l’avion. Donc ça n’a pas été la fête tant espérée mais vivre ce moment, avec ou sans fête, c’était génial.
PMMC : Merci à Toi Adrien, à très vite sur le Pôle Mécanique d’Ales.